Ainsi, selon la légende, métamorphosé en un merveilleux taureau, Zeus, le roi des dieux, enleva la belle Europe, fille du roi de Phénicie, gagna la Crète à la nage et toucha terre par ici, sur une jolie plage, près de Palaikastro et de Vaï, pour reprendre haleine avant de continuer sa route vers la Grotte de Dikté et la cité de Gortyne.
Ce beau mythe se fait certainement l’écho des relations historiquement attestées unissant la Crète et l’Orient, et explique pourquoi c’est ici, dans cette partie Est de l’île la plus proche de l’Asie Mineure, de la Syrie, de la Palestine, de la Phénicie et de l’Égypte, que naquit la première civilisation de l’Europe. C’est d’ailleurs ici, dans la cité minoenne de Palaikastro, qu’a été mis au jour le célèbre sanctuaire de Zeus Diktaios. On y a découvert, inscrit sur une plaque, l’hymne dédié au dieu, que lui chantaient chaque printemps des jeunes gens nus, portant des boucliers, tout en dansant autour de son autel. Ce faisant, ils imitaient les Courètes, ces bons génies présents à sa naissance et qui le protégeaient avec leurs armes et leurs danses. Il s’agit en fait du premier hymne à la Paix jamais composé.
Les jeunes gens priaient Zeus de venir sur terre avec les dieux de la végétation et d’apporter le Bonheur aux hommes, la Paix et de bonnes lois au monde, justice et protection, des fruits de la terre en abondance, des vents favorables pour les vaisseaux… Au temple de Zeus Diktaios est également lié l’un des décrets écologiques les plus anciens du monde, interdisant de couper des arbres appartenant au bois sacré du sanctuaire, sous peine de lourdes sanctions !
Selon d’autres légendes, c’est ici, au Cap Sidéro, l’antique Samonion, que débarquèrent les Argonautes et qu’ils édifièrent le temple d’Athéna Samonia, et c’est encore ici que le dieu Dionysos fit miraculeusement apparaître tout un chapelet d’îles, les "Dionyssadès", auxquelles il donna son nom. Nulle part ailleurs autant qu’ici Nature et Mythe n’ont été, semble-t-il, à ce point associés. Et il est admirable que les coutumes, les rites et les légendes survivent encore aujourd’hui, sous différentes formes, dans les villages de la région de Sitia.
