Sites archéologiques

Le passé exceptionnellement riche et brillant de la région est attesté par les nombreuses et vastes fouilles, ainsi que par les recherches historiques entreprises et poursuivies par des savants grecs et étrangers, depuis plus de cent ans, sur le territoire du district de Sitia. Comme le faisait observer, à sa manière inimitable, l’inoubliable Mélina Mercouri, inaugurant en 1984, en tant que ministre de la Culture, le musée archéologique de Sitia :

" …Sitia est l’un de ces lieux privilégiés, en raison non seulement de sa beauté naturelle, mais aussi de son passé chargé d’histoire. Bien peu d’autres endroits de la terre hellénique conservent dans leurs entrailles autant de vestiges d’un tel patrimoine. Quαtre-vingt (80) sites archéologiques ont été fouillés dans la région, plus de cent (100) autres y ont été localisés et attendent d’être mis au jour, afin d’accroître encore votre richesse et votre fierté...".

Effectivement, la Province de Sitia est, toutes proportions gardées, l’une des régions les plus riches de Grèce et du monde entier en antiquités et monuments historiques. Parmi eux :

le Palais minoen de Zakros, la ville minoenne de Palaikastro, les habitats et centres maritimes minoens de Mokhlos et de Psira, la nécropole minoenne d’Haghis Fotia, le palais et l’habitat minoen de Pétras, des villas minoennes de type mégaron à Sitia, Zou, Pano Zakros, Akhladia, Haghios Géorghios, Makrys Yalos, la maison ovale de Hamézi, la cité étéocrétoise de Praissos, l’Itanos dorienne, les installations hellénistiques de Trypitos et de Xérokambos, la Lefki des Romains (Koufonissi), le village médiéval de Voïla, la tour vénitienne et le hameau traditionnel d’Étia, la forteresse de la Kazarma, à Sitia, les citadelles –entre autres- de Liopétro et de Monte Forte, les monastères de Toplou, Kapsas et Fanéroméni, des églises byzantines ornées de fresques et d’icônes, ainsi que des bâtiments d’architecture populaire, des fontaines traditionnelles, des demeures néoclassiques, des moulins à vent ou à eau et des constructions rurales. Tous constituent des monuments du patrimoine culturel non seulement local et national, mais aussi mondial.

Le palais et l’habitat minoens de Zakros

Les premières fouilles de Kato Zakros furent effectuées en 1901 par le britannique D. Hogarth. Elles mirent au jour quelques vestiges d’une installation minoenne présentant toutes les caractéristiques d’un habitat florissant. Peut-être la plus importante découverte de Hogarth consistait-elle en une collection de trois cents sceaux d’argile, preuve qu’il existait un système bureaucratique pour contrôler la correspondance et quelques échanges commerciaux. Certains de ces cachets, visiblement, provenaient de bagues à sceaux de Knossos, confirmant ainsi les relations étroites entre Knossos et Zakros, en tout cas au XVe s. av. J.-C.

En 1962, Nikolas Platon, alors Éphore des Antiquités de Crète, entreprend une nouvelle série de fouilles dans la vallée de Kato Zakros. L’archéologue grec est convaincu que l’endroit recèle quelque chose de plus important qu’un "habitat portuaire", puisqu’il semble constituer le centre d’une unité culturelle dont le rayonnement se reconnaît essentiellement dans la céramique de la région environnante. Les résultats des fouilles sont époustouflants. Sont alors mis au jour un palais minoen –le seul à ne jamais avoir été pillé, de l’antiquité à nos jours- et, tout autour, un habitat densément bâti, couvrant principalement les versants des deux collines qui dominent la petite vallée. Des trouvailles importantes sont effectuées également lors des fouilles de tombes minoennes, dont un grand nombre étaient abritées dans des grottes naturelles, notamment dans les Gorges de Zakros (rebaptisées ensuite Gorges des Morts), ainsi qu’aux lieux-dits "Μavro Avlaki", au sud-est de la baie, et "Spiliara”, sur le versant Nord de la vallée. Le palais de Zakros fut édifié au cours du XVIe s. av. J.-C. sous la forme où nous le voyons aujourd’hui. Il venait probablement remplacer un bâtiment public dont il existe des vestiges sous l’Aile Est. Ce n’est qu’à cet endroit qu’il a été possible de fouiller des couches archéologiques plus profondes : en effet, avant le début des excavations, au XXe siècle, les cultures avaient complètement fait disparaître le secteur correspondant du dernier palais.

En ce qui concerne son organisation architecturale d’ensemble, le palais de Zakros présente un certain nombre d’analogies avec celui, certes beaucoup plus vaste, de Knossos. À Zakros, comme à Knossos, l’Aile occidentale (la partie des bâtiments située à l’ouest de la Cour Centrale rectangulaire) abritait les appartements sacerdotaux : le sanctuaire principal, contigu à une sorte de pièce cultuelle appelée par A. Evans le "bassin lustral", les archives et le trésor avec les objets de culte, et les imposantes salles de banquets et de cérémonies, qui étaient à Zakros aménagées au rez-de-chaussée. L’insertion, dans l’ensemble des bâtiments de l’Aile Ouest, des archives du palais, de la plupart des locaux destinés à stocker les produits agricoles, ainsi que de certains ateliers où étaient travaillés les matériaux précieux, confirme l’hypothèse selon laquelle la gestion économique de l’état minoen était entre les mains d’un clergé tout-puissant. L’Aile Est, de même qu’à Knossos, semble avoir essentiellement abrité des "appartements résidentiels".

Les deux autres ailes paraissent avoir été de moindre importance. Dans l’Aile Sud se trouvaient très probablement quelques ateliers palatiaux, puisque dans certaines de ses pièces ont été découverts des matériaux précieux, encore bruts ou à demi-travaillés (marbre veiné, cristal de roche, ivoire et faïence). À l’Aile Nord appartient, d’un point de vue architectural, un autre "Bassin lustral", qui devait vraisemblablement être relié à la voie permettant l’accès du palais des visiteurs, avec son entrée centrale à degrés, située tout à côté. Cette dernière constituait l’aboutissement de la "Rue du port" qui partait bien sûr du port minoen.

Les relations étroites et les ressemblances existant entre Zakros et Knossos laissent penser sans grand risque d’erreur que la seconde était la métropole de la première, du moins au cours de la période néopalatiale. La plupart des bâtiments qui composent l’habitat minoen semblent être contemporains du dernier palais. Beaucoup d’entre eux ont emprunté des éléments à l’architecture palatiale : polythyron (salle d’apparat percé de nombreuses portes et ouvertures) puits de lumière, portiques et colonnades. Presque tous possèdent deux étages, dont les appartements sont reliés par un ou deux escaliers.

L’étude de la céramique a montré que le palais et l’habitat de Zakros furent complètement détruits vers 1450 av. J.-C., sans doute pour des raisons de nature géologique : séismes ou –selon N. Platon- séquelles de l’éruption du volcan de Théra, car le site fut ensuite abandonné pour longtemps et le palais ne fut jamais reconstruit. Quelques secteurs de l’habitat furent réoccupés plus tard un moment (de 1400 à 1300 av. J.-C.), mais jamais Zakros ne put retrouver son ancienne splendeur.

La cité minoenne de Palaikastro

Sur la plage de Palaikastro, au lieu-dit Roussolakkos, a été découverte une grande et importante cité d’époque minoenne. Elle atteignit son apogée au cours du Minoen Récent, mais on a mis au jour des vestiges datant également du Minoen Ancien et du Minoen Moyen, en particulier des tombes contenant une grande quantité d’ossements remarquablement bien conservés. Les anthropologues qui les ont étudiés ont abouti à des conclusions fort intéressantes sur la stature des Minoens : en moyenne, les hommes auraient mesuré 1,60 m et les femmes 1,50 m. Une artère centrale croisée par quatre rues perpendiculaires divise la ville en 9 quartiers dans lesquels auraient habité neuf clans différents. Les maisons donnant sur la rue centrale possédaient des façades imposantes, tandis qu’un système complet d’évacuation des eaux desservait tous les quartiers grâce à ses ramifications. Dans le quartier B, entre autres, il existait un mégaron avec quatre séries de colonnes et des cuisines, un bassin lustral, un puits, un sanctuaire domestique, une salle de bain et un entrepôt pour l’huile, tandis que d’autres espaces abritaient un pressoir à huile et son magasin. On a en outre exhumé de nombreux vases du style dit de Kamarès, des amphores, des lampes à huile, des jarres etc. Des pièces appartenant à des mégara et d’importantes trouvailles ont été mises au jour également dans les autres quartiers. Dans l’un d’entre eux, on a découvert un pressoir pour le raisin. Un autre quartier abritait le sanctuaire de Zeus Diktaios, célèbre dans l’antiquité, où le dieu fit l’objet d’un culte, de l’époque géométrique jusqu’à la conquête romaine.

On a également découvert les fragments d’une plaque sur laquelle était inscrit l’Hymne à Zeus Diktaios ou crétois. C’est le premier du genre, adressé à une divinité dans tout le monde antique, et en substance, il s’agit d’un hymne à la vie et à la paix. Sur le même site ont été en outre mis au jour les fragments d’une statuette chryséléphantine (en or et en ivoire). Ce chef-d’œuvre de la civilisation minoenne est aujourd’hui exposé au musée archéologique de Sitia.

De même qu’à Zakros et dans les autres villes de Crète, la vie allait s’éteindre brusquement, dans la cité minoenne de Palaikastro, vers 1500 av. J.-C., sans doute après l’épouvantable éruption du volcan de Santorin.

Hymne à Zeus Diktaios

Ô ! Très grand Kouros, je te salue,
Je te salue, fils de Kronos, maître de l’univers 
Qui es venu escorté par les dieux de la végétation
Ce printemps encore, ici sur le mont Dikté.
Viens avec nous, viens nous écouter
Chanter ta louange, au son des harpes et des flûtes,
En ton honneur, auprès de ton bel autel.

Ô! Très grand Kouros, je te salue,
Je te salue, fils de Kronos, maître de l’univers
Viens avec nous car c’est ici, enfant immortel,
Qu’après t’avoir reçu de ta mère Rhéa, 
Tes gardes aux boucliers, les Courètes,
Frappant rythmiquement du pied, 
T’ont caché pour te sauver. 
Ô ! Très Grand Kouros, je te salue,
Je te salue, fils de Kronos, seigneur de l’univers…

Viens avec nous… toi, astre de la belle aurore 
Ô! Très Grand Kouros, je te salue, 
Je te salue, fils de Kronos, maître de l’univers…

Et les saisons alors donnaient leurs fruits 
Et parmi les hommes régnait la justice 
Et la Paix porteuse de richesse gouvernait toutes les créatures terrestres.

Ô! Très grand Kouros, je te salue,
Je te salue, fils de Kronos, maître de l’univers.

Viens avec nous, ce printemps encore
Et danse, danse,
Et donne à la terre fertilité 
Pour que nos jarres soient de nouveau bien remplies 
Et nos troupeaux bien laineux 
Pour que nos semailles portent leurs fruits
Et que nos ruches soient pleines de miel.

Ô! Très Grand Kouros, je te salue, 
Je te salue, fils de Kronos, maître de l’univers
Danse, danse et vibre de joie et viens avec nous
Regénérer la création
Viens et préserve nos cités
Protège nos vaisseaux qui vont sur les mers 
Protège nos nouveaux citoyens
Établis et conserve-nous de justes lois.

Ce texte est celui de l’Hymne à Zeus Diktaios, gravé sur une grande table de pierre grise, découverte brisée en plusieurs fragments disséminés près des ruines du Sanctuaire du dieu, à Palaikastro, dans la province de Sitia. La pierre est écrite des deux côtés. Bien que l’un d’eux comporte quelques lacunes, il est cependant possible de restituer l’inscription complète. L’hymne était chanté par des jeunes gens portant des boucliers, à l’imitation des Courètes, ces génies bienfaisants qui avaient protégé et élevé l’enfant divin. Il constitue une invocation pour le retour annuel du jeune dieu, afin que les champs et les troupeaux portent leurs fruits. Il s’inscrit dans le cadre de cérémonies initiatiques qui se déroulaient lors du passage des jeunes garçons de l’adolescence à l’état adulte et célébraient leur entrée dans la classe des citoyens à part entière.

 

Le Parc archéologique de Pétras

Pétras est un village traditionnel, à 1 km à l’est de Sitia. Là se dressait un petit château d’époque vénitienne, connu comme la "demeure de Kornaros", à la famille duquel il appartenait certainement. Sur la colline qui le dominait ont été mis au jour, ces dernières décennies, un petit palais et un habitat minoens. Les pièces étaient somptueuses, leurs sols dallés et leurs murs couverts d’enduits multicolores. On a également découvert des ustensiles de cuisine, plusieurs tablettes portant des inscriptions en linéaire A et B, des vases et divers objets. Sous la rue principale de l’agglomération actuelle ont été repérées des traces de fortification ayant toutes les caractéristiques d’un mur cyclopéen, tandis que plus bas, au bord de la plaine, ont été localisées des constructions qui constituaient selon toute probabilité des installations portuaires. Sur la colline voisine dite "kéfala tou Pétra" (à l’est du palais, du côté de la mer), la XXIVe Éphorie des Antiquités fouille ces dernières années un important habitat néolithique. Récemment, des ouvrages de protection et de mise en valeur ont fait du site de Pétras un remarquable parc archéologique ouvert aux visiteurs durant les mois d’été.

Κoufonissi

Appelée Lefki durant l’antiquité, l’île joua un rôle très important dans l’histoire hellénistique puis romaine de la Crète orientale. Ses habitants se consacraient à la pêche au murex ainsi qu’au travail et au commerce de la pourpre. Cette technique de travail de la pourpre était connue depuis la préhistoire, ainsi que le révèlent les amoncèlements de coquilles de murex découverts sur des sites présentant des traces d’habitat minoen. Le commerce de la pourpre apportait alors à l’île d’énormes bénéfices financiers.

Au cours des fouilles effectuées après 1975 par l’archéologue N. Papadakis fut découvert un théâtre d’époque gréco-romaine pouvant accueillir 1000 spectateurs. Il comportait un orchestre semi-circulaire et des entrées latérales (parodos) surmontées de coupoles.

Le bâtiment le plus important à avoir été exhumé, à part le théâtre, est celui des Thermes publics, dont la construction date du 1er s. ap. J.-C. Dans l’habitat de l’ancienne Lefki situé près du théâtre ont été fouillées plusieurs maisons équipées de l’indispensable atelier domestique destiné au travail de la pourpre. On a découvert une villa de plusieurs pièces qui possédait des pavements en mosaïque et de murs couverts d’enduits polychromes. Les trouvailles –fragments de statuettes et membres architecturaux, vases, objets divers, en pierre et en métal notamment- sont exposées au Musée arhcéologique de Sitia. Au sommet d’une colline, à environ 2 km de l’habitat, ont été localisés les vestiges d’un ancien temple avec soubassement, ainsi que deux fragments d’une statue monumentale en marbre, représentant un personnage assis sur un trône.

Le système d’adduction d’eau se composait de trois séries de conduites maçonnées qui partaient d’une hauteur où coulait une petite source, pour aboutir à l’habitat.

Ce dernier fut détruit avec une grande violence par des envahisseurs à la fin du IVe ap. J.-C. Le théâtre fut pillé et incendié. Depuis, l’île n’a jamais plus eu d’habitants permanents. Seuls des marins ont laissé des traces de leur passage dans les petites grottes de la côte Ouest, où ils ont gravé des figures de saints et des inscriptions datées du XVIIe siècle. Aujourd’hui, l’île tout entière constitue un immense champ de fouilles.

Cité hellénistique de Xérokambos

Des recherches en surface ont montré que la région fut habitée dès la préhistoire et présente un grand intérêt archéologique.

Au lieu-dit Katsounakia a été localisé un vaste habitat minoen qui n’a pas encore été fouillé. Sur la hauteur de Trakhilas a été mis au jour un sanctuaire de sommet qui avait cependant été pillé. Au lieu-dit Psili Ammos, on peut voir l’ancienne carrière d’où furent extraites les pierres poreuses utilisées pour construire la cité à l’époque historique. Sur la côte, près de la ville ancienne, il existe des marais salants d’époque hellénistique où les habitants s’approvisionnaient en sel de mer. Il s’agit d’une série de canaux et de citernes d’évaporation creusées dans les roches du rivage. Aujourd’hui ils ne sont plus visibles car ils ont été recouverts par le sable de la plage. Dans les îlots de Kavali, en face de Xérokambos, subsistent des installations de pêche datant du Minoen Récent.

Des fouilles ont commencé en 1984, sous la direction de l’archéologue N. P. Papadakis, au lieu-dit Farmakokéfalo. Elles ont mis au jour une importante ville hellénistique, probablement l’antique Ambélos. La cité occupait toute la hauteur et était protégée par une puissante muraille dont on peut voir quelques vestiges. Bien qu’une petite partie seulement de la ville ait été fouillée, des maisons, des rues et des espaces à ciel ouvert sont apparus; les trouvailles réalisées sont d’un art exquis et particulièrement révélatrices de son histoire. Il résulte de leur étude que la cité fut fondée vers le Ve s. av. J.-C. et qu’elle atteignit son apogée aux III-IIe s. av. J.-C. Elle entretenait des relations commerciales avec d’autres villes de Crète et du Dodécannèse, notamment Rhodes et Kalymnos. Caractéristiques sont les balles de fronde en plomb, souvent couvertes d’inscriptions, qui étaient utilisées par les soldats.

Les trouvailles mises au jour par les fouilles sont exposées au Musée archéologique de Sitia. Au centre de la ville antique se trouve aujourd’hui la petite église Haghios Nikolaos, construite en 1895.

Villa minoenne de Makrys Yalos

Au lieu-dit Plakakia, à l’ouest de l’agglomération de Makrys Yalos, les fouilles archéologiques ont mis au jour une villa qui date de l’époque du Minoen Récent IB. Cet édifice est très important pour l’étude de l’architecture minoenne car il constitue une miniature de palais minoen. La plupart des espaces de la villa, à sols dallés et à murs revêtus d’enduit, se déploient autour d’une grande cour centrale, tandis qu’il existe également une cour Ouest. Dans la cour centrale, près de la grande salle à polythyron, se trouve un autel maçonné à côté duquel a été découvert un sceau gravé d’un navire sacré, d’un arbre sacré et d’un prêtre. Le plafond du bâtiment était fait de roseaux et d’argile, détail extraordinairement intéressant qui relie l’architecture crétoise minoenne à celle des temps modernes, puisque cette méthode était encore utilisée récemment pour couvrir le toit des maisons rurales en pierre.

La villa fut détruite par un grand incendie, ainsi que le démontrent les vestiges de poutres carbonisés et les pavements noircis par le feu. Son architecture, le petit nombre d’espaces domestiques et l’importance de certaines des trouvailles (statuettes, bagues-cachets, coupe dite de la Sainte Communion), qui y ont été réalisées et qui sont exposées au Musée archéologique d’Haghios Nikolaos témoignent de son caractère religieux. Il n’est pas exclu qu’elle ait constitué un important lieu de culte.

Au lieu-dit Katovigli ont commencé en 1976 sous la direction de N.P. Papadakis des fouilles systématiques qui se sont achevées en 1980. Ont été exhumés les vestiges d’une villa romaine disposant d’un ensemble de thermes à bassin à ciel ouvert. L’agencement des espaces est assez complexe. Des couloirs et des cours font office d’axes centraux autour desquels se déploient les chambres et les pièces d’appoint. Le sol et les murs des pièces principales sont revêtus de plaques de marbre. L’entrée de la villa possède un pavement de mosaïque à décor géométrique et végétal. Une grande pièce au pavement somptueux constituait très probablement une salle de réception. Les thermes se trouvaient dans la partie Sud-est de la villa : le fameux balneum, avec son hypocauste typique et sa piscine en forme de fer à cheval dont le sol et les marches étaient revêtus de marbre. Une grande mosaïque à figures géométriques a été découverte dans l’espace à ciel ouvert jouxtant le bassin. Il existait dans la villa un système de conduits maçonnés et de tuyaux garantissant l’écoulement de l’eau des citernes jusqu’au balneum et au reste des locaux. Parmi les différents espaces du balneum a été localisée une pièce à usage funéraire, dans laquelle ont été découverts des ossements ainsi qu’un squelette complet.

La villa fut habitée du 1er s. av. J.-C. au IIIe s. av. J.-C. environ. La cause de sa destruction est inconnue. Elle fut par la suite pillée, probablement à l’époque byzantine et dans les temps modernes et il n’est rien resté de ses membres architecturaux et de son mobilier. Les très rares trouvailles mises au jour par les fouilles sont exposées au Musée archéologique de Sitia.

Maison ellipsoïdale de Hamaizi

Au lieu-dit Souvloto Mouri, les fouilles entreprises sous la direction de S. Xanthoudidis mirent au jour, en 1903, un bâtiment d’époque minoenne. Sa forme en ellipse, exceptionnelle pour cette période, et sa destination ont longtemps intrigué les archéologues. En 1971, une nouvelle fouille effectuée par le professeur K. Davaras a permis de découvrir de nouveaux éléments prouvant qu’il s’agissait d’une habitation domestique, effectivement unique, datant de 2200 à 2000 av. J.-C., de même que les vestiges de maisons plus anciennes.

Au cours des excavations ont été a exhumés, à l’extérieur du bâtiment, des objets en bronze et, à l’intérieur, des vases et quelques figurines aujourd’hui exposés aux musées archéologiques d’Héraklion et d’Haghios Nikolaos.

Praissos

La région comprise entre les rivières Kalamavki et Pandélis, affluents de l’actuel Stomios (autrefois Didymos) était occupée par l’ancienne capitale des Étéocrétois, Praissos, l’une des plus importantes cités de Crète orientale.

Elle était bâtie sur trois collines et entourée d’une puissante muraille dont on peut voir encore aujourd’hui quelques vestiges par endroits, en particulier au nord-est de l’éminence la plus élevée, où se trouvait le siège des autorités de la ville. Le troisième tertre avec son autel-sanctuaire et la Grotte Sacrée située au lieu-dit Skalès demeuraient en dehors du mur d’enceinte.

Après la conquête de la Crète par les Doriens au XIIe s. av. J.-C., les Étéocrétois, autrement dit les Crétois de souche, se retirèrent vers l’est de l’île, où ils sauvegardèrent leur authentique caractère minoen, leur langue, leur religion et le culte de Zeus Diktaios. Praissos se trouvait au centre de la péninsule de Sitia et avait des ports sur la côte Nord, - Itia (actuelle Sitia) et au sud, sur la mer de Libye –Stilès, ainsi qu’il ressort d’une motion votée par ses habitants, au cours de la période macédonienne, concernant la pêche et le commerce de la pourpre et le louage de services de la flotte de Stilès à cet effet.

Après une longue guerre, les habitants de Hiérapytna, d’origine dorienne, l’emportèrent sur les Étéocrétois de Praissos et détruisirent leur ville.

Le site semble avoir été occupé à partir de l’époque néolithique. Dans la grotte qui se trouve au lieu-dit Skalès, au confluent du Kalamavki et du Pandélis, on a découvert de la céramique datant du néolithique et appartenant au style dit de Kamarès.

En 1884, Federico Halbherr mit au jour à Praissos la première inscription étéocrétoise et découvrit un grand nombre de figurines en terre cuite. Les fouilles entreprises ensuite par l’École anglaise d’archéologie ont démontré que Praissos était une ville des temps historiques, helléniques.

La Praissos étéocrétoise plus ancienne, mentionnée par Strabon et située non loin des ruines que l’on voit aujourd’hui, fut détruite. Après le XIIe s. av. J.-C., les derniers descendants des Étéocrétois et les colons doriens édifièrent une nouvelle ville sur l’emplacement des vestiges actuels. Le territoire de l’"état" de Praissos occupait toute la péninsule actuelle de Sitia, à l’exception de la région d’Itanos. Le régime de la Praissos hellénique et géométrique était démocratique. La ville était gouvernée par des magistrats dits cosmes, un sénat et l’assemblée du dème. Cité autonome, elle battait sa propre monnaie dont on connaît plusieurs spécimens. Sur la plupart d’entre eux figurent Hercule, Zeus, Apollon et Déméter, accompagnés du mot ΠΡΑΙΣΙΩΝ (= des Praissiens) Sur la colline de Praissos fut fouillée en 1935 une tombe où avait été enseveli un athlète de la cité, avec ses récompenses, dont les plus caractéristiques étaient deux amphores athéniennes à décor peint, datant de 560 - 500 av. J.-C. Il semble que l’athlète ait participé et triomphé aux Jeux Panathéniens.

Tous les siècles ont laissé leur empreinte à Praissos. Sont ainsi représentées ici les époques néolithique, mycénienne, géométrique, hellénistique, vénitienne… Et même ottomane, puisqu’il existe à Vavéli deux fontaines turques.

La villa d’Akhladia

Au lieu-dit Riza, N. Platon entreprit en 1952 un petit sondage expérimental à un endroit où était déjà visible un ancien mur épais. Les recherches firent apparaître les murs extérieurs d’une habitation, faits de grandes pierres taillées.

En 1959, le même archéologue poursuivit les fouilles et découvrit le bâtiment tout entier, qui se révéla être une villa rurale extrêmement importante, d’époque minoenne, datant de 1600-1550 avt. J.-C. Elle fut habitée environ un demi-siècle avant d’être détruite, très probablement par un tremblement de terre. D’une superficie totale de 270 m2, elle se compose de 12 appartements. L’entrée principale, au seuil fait d’une pierre unique et à degrés, se trouvait à l’est, tandis qu’il en existait une autre, secondaire, à l’ouest. La salle d’apparat, à gauche de l’antichambre pavée, avait une entrée double; un polythyron la faisait communiquer avec un appartement plus petit qui disposait d’une banquette maçonnée. Trois colonnes supportaient la toiture. Une autre salle de réception semble avoir existé à droite du vestibule. La villa possédait en outre des cuisines, des magasins et d’autres espaces auxiliaires. À l’extérieur, des murs obliques formaient des enceintes rudimentaires qui servaient peut-être d’étables pour les animaux.

La tombe d’Akhladia

Dans la région d’Akhladia ont été effectuées des fouilles systématiques en deux endroits où le visiteur peut aujourd’hui voir deux magnifiques spécimens de la civilisation minoenne : l’unique tombe à coupole de Crète orientale et les ruines d’une villa rurale. Au lieu-dit Platyskinos a été fouillée une tombe souterraine à coupole avec son vestibule, unique en Crète orientale à l’Âge de Bronze et extrêmement rare dans toute l’île. Elle date de la période comprise entre1400 et 1220 av. J.-C. et fut utilisée durant plus d’un siècle. Un corridor maçonné monumental, de 9 m de long, conduit à l’entrée de la tombe. La chambre funéraire circulaire a 4,08 m de diamètre et 4,16 m de haut. Construite au moyen de gros moellons de calcaire, la coupole a une forme presque conique. Exactement en face de l’entrée principale, il existe une deuxième ouverture plus petite, dont on pense qu’elle était censée permettre au mort de communiquer symboliquement avec l’au-delà, à moins cependant qu’elle n’ait constitué un accès à une chambre latérale dont la construction ne fut jamais achevée. Aussi bien les linteaux que les seuils des deux entrées sont faits de monolithes. Les cavités existant autour de l’entrée principale et sur le linteau étaient, croit-on, utilisées pour fixer une porte de bois fermant l’entrée de la tombe. Dans sa similitude avec les tombes à coupole mycéniennes de Grèce continentale, certains chercheurs voient la preuve que la technique de construction des tombes à coupole du Minoen Récent III fut introduite en Crète par des artisans mycéniens.

Mokhlos

L’archéologue américain R.B. Seager découvrit Mokhlos en 1907 grâce aux indications fournies par un pêcheur local. Dès l’année suivante, il entreprit dans la petite île des fouilles qui allaient mettre au jour 20 tombes maçonnées et quelque 12 habitations. En 1955, grâce à des recherches sous-marines, J. Leatham et S. Hood mirent au jour sur la terre ferme, juste devant l’îlot, des viviers à poisson d’époque romaine, vérifiant ainsi l’hypothèse selon laquelle Mokhlos formait une presqu’île à l’Âge du Bronze.

Selon les résultats des fouilles, Mokhlos dut constituer l’un des centres les plus importants de la civilisation minoenne. La plaine qui lui faisait face livrait une riche production agricole et l’étroit chenal qui, durant l’antiquité, unissait l’îlot à la terre ferme, formant deux ports naturels, garantissait la sécurité des navires par tous les temps. Important centre de commerce et de transport de marchandises, Mokhlos importait de l’obsidienne de Milo et d’autres matières premières de l’Orient, pour les réexpédier ensuite dans le reste de la Crète. La découverte d’un sceau cylindrique provenant du Nord de la Syrie et datant du XVIIIe s. av. J.-C. montre l’importance de ce port.

Dans le "quartier des artisans" étaient ouvragés des bijoux d’or, des sceaux, ainsi que les célèbres vases de pierre de Mokhlos, dont beaucoup ont été découverts dans des tombes de cette époque. Après la destruction qui suivit l’éruption du volcan de Santorin, la ville fut rebâtie et agrandie. La nouvelle cité avait des artères centrales et des rues plus petites qui la divisaient en quartiers. Construites sur plusieurs niveaux adaptés à la déclivité du sol, les maisons avaient de deux à trois étages. La dernière phase d’occupation étendue dans l’île est représentée par des fortifications du 1er s. av. J.-C., édifiées sur ses côtes Nord et Est, peut-être par Hiérapytna qui tentait alors d’asseoir alors sa puissance sur le Nord de la Crète.

 

Tripitos

Selon le témoignage de fouilles récentes, il semblerait que le site de hellénistique Sitia est situé à Tripitos, un petit promontoire à 3 km à l'est de Sitia. Sur le flanc d'une colline inclinée vers la mer, un trou oblong ou une fosse avec un plancher a été découvert mesurant 30m x 5,50 x 5. Les archéologues pensent qu'il a été utilisé pour hisser, protéger et réparer des navires (comme une journée de bateau-constructeurs cour actuel). Il est l'exemple unique que confirme cette découverte en Crète et il est daté de la période hellénistique. Une petite ville hellénistique avec les restes de certains logements a également été récemment mis à jour sur le même site. Les archéologues ont également trouvé un grand mur fortifié du Sud et des nombreux vases, monnaies, des bijoux et des poids en plomb.

 

Itanos

Aujourd’hui connue sous le nom d’Erimoupoli (= la ville déserte), Itanos fut l’une des plus importantes cités côtières de la Crète orientale, de l’époque minoenne jusqu’aux premiers siècles de la chrétienté. Ses habitants régnaient sur toutes les côtes orientales de la province de Sitia, du cap Samonion (ou Cavo Sidéro) jusqu’au cap Érythraio, l’actuel Goudouras et à l’île de Lefki (aujourd’hui Koufonissi). 

Itanos est mentionnée par Hérodote. Lorsque la Pythie dit aux habitants de Santorin d’envoyer des colons en Libye, ces derniers dépêchèrent une ambassade en Crète pour rechercher des hommes qui les y conduiraient. Les émissaires arrivèrent à Itanos, où ils rencontrèrent un pêcheur de pourpre, nommé Korovios, qui leur raconta que quelquefois, le vent l’emportait jusqu’en Libye. Ils le persuadèrent de les conduire dans ce pays où ils fondèrent la colonie de Cyrène, en 630 av. J.-C. Itanos est également évoquée par Stéphanos Byzantios. Selon cet auteur, elle devait son nom au Phénicien Itanos et constituait une colonie phénicienne, vouée à l’artisanat de la pourpre et du verre. Ses marchands faisaient commerce de matières premières de leur pays et de produits crétois. Ils possédaient en outre des viviers à poissons et des ateliers de teinture de la pourpre, de verrerie et de tissage.

Itanos était ainsi une cité syro-phénicienne où étaient adorées des divinités orientales telles que Phénix, Amphiona et Tagga.

Ce fut un port important et un comptoir actif, trait d’union entre l’Orient et la Crète. Comme le montrent la multitude de ses temples et de ses somptueux bâtiments de marbre, elle s’enrichit considérablement grâce au commerce, à l’industrie de la pourpre et du verre, à la marine et à la pêche, ainsi qu’aux juteux revenus du sanctuaire de Zeus Diktaios situé sur son territoire. Mais cette opulence suscita la convoitise des habitants de Dragmia, ses vassaux, qui s’en emparèrent, et quand les Hiérapytniens détruisirent Praissos, ils assujetirent Itanos encore davantage.

Après la conquête romaine, elle parvint à conserver son prestige et à prospérer, grâce à son commerce et à sa flotte. Elle battait sa propre monnaie. L’historien N. Svoronos mentionne plusieurs séries de pièces représentant des tritons, très anciennes divinités marines de la Crète orientale, des tridents et des poissons, ainsi qu’il convenait à une ville maritime. Durant la période paléochrétienne furent édifiées de splendides et imposantes églises, comme le montrent leurs vestiges.

Itanos fut détruite soit au IXe s. ap. J.-C. par les Sarasins, soit, peut-être, par le séisme de 795 ap. J.-C. Elle semble avoir été un moment réoccupée, avant d’être complètement mise à sac à la suite de raids barbaresques, au XVe siècle. Ses habitants se retirèrent alors, pour plus de sûreté, dans des villages de montagne.

Initialement monarchique, le régime politique d’Itanos devint plus tard démocratique. La ville avait ses magistrats, ou cosmes, un sénat et une assemblée du dème. Au IIIe s. av. J.-C., il semble qu’il y ait eu une tentative de renversement du régime. On demanda alors de l’aide au souverain égyptien Ptolémée Philadelphe, lequel envoya à la rescousse son général Patrocle Patron.

On a découvert à Itanos de nombreuses inscriptions funéraires datant de l’époque paléochrétienne. Sur le linteau de l’église Haghios Ioannis est encastrée une épitaphe du IIIe s. av. J.-C., mentionnant l’archer Itanios qui, en servant la Patrie, s’est révélé égal à Phoebus Apollon.

En 1919 fut mise au jour une tombe ancienne qui comportait deux grandes dalles de pierre dure bleuâtre du cap Sidéro, couvertes d’inscriptions. Elles se trouvent aujourd’hui au musée archéologique d’Héraklion. L’une d’elles portait une inscription composée de 98 vers, en lettres minuscules, mais sa surface avait été endommagée par l’humidité et très peu de caractères demeurent encore lisibles. Il s’agit d’un intéressant texte historique du IIe s. ap. J.-C., relatif au conflit opposant Itanos et Hiérapétra à propos du sanctuaire de Zeus Diktaios. L’autre inscription consistait en une motion votée par les habitants de la ville au IIIe s. av. J.-C., en faveur du général macédonien Patrocle Patron.

Itanos est mentionnée sous le même nom (u-ta-no) sur les tablettes en linéaire B de Knossos. Au cap Sidéro, les voyageurs s’embarquant pour l’Orient rendaient un culte aux dieux des vents. Plus tard, ces derniers cédèrent leur place à Poséidon.

District de Sitia

La Crète est, dit-on, Fille de la Méditerranée, chaleureuse étreinte de la mythique Europe, Porte de l’Occident et échelle du Levant… Toutes ces définitions s’appliquent avec encore plus de pertinence au district de Sitia.

 

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